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Il s’est écoulé plus d’un demi-siècle entre la première toile (1959) et la dernière. Ces toiles ont été réalisées d’abord en France, puis aux Etats Unis, à Madagascar et à nouveau en France.

Maintenant libre de toute obligation, je peux enfin me consacrer à la création. Artistique ? C’est au regard de l’autre de répondre. Créer, c’est s’exprimer. Mais exprimer quoi ? Le désespoir ! La beauté !La petitesse de l’être humain ! Et plus encore, la solitude ! Une toile achevée permet de rompre cette solitude, mais quand  sera-t-elle  achevée ? Seul l’oubli en  décide.

                La première toile…

 « Une mère et sa fille» : Une mère et sa fille s’éloignent, main dans la main, vers le néant d’où elles viennent. La facture est simple, voire simpliste mais la poésie est là. Du moins, une certaine mélancolie.

                                                 …Ensuite…

Le thème de l’enfance douloureuse est abordé avec des couleurs sombres. Couleurs symptomatiques de la jeunesse révoltée, profondément choquée par son environnement. Le doute est là. Il n’y a pas de vérité mais des vérités, donc dès qu’un coup de pinceau horizontal agresse la toile vierge, un coup de pinceau vertical vient le contrarier pour remettre à sa place cette prétentieuse première vérité.

                                                     …Et puis avançant en âge…

Il est apparu  indécent d’imposer un désespoir, la pudeur, le respect de l’autre voulant qu’il se présente quelque peu voilé : « le désespoir frivole ». Le chapeau couvert de légumes et de fruits a un double objectif : faire diversion et par contraste accentuer la tristesse du visage. L’âme est ainsi libre d’effectuer des allers-retours entre ces deux sentiments. Le désespoir est ainsi plus facile à présenter, à supporter.

…A Washington D.C. …

Nous sommes allés à une magnifique exposition consacrée à Caillebotte et de retour à mon domicile, mon épouse m’a demandé une copie de l’Homme à la fenêtre. Cet homme de dos regardant de sa fenêtre Paris donne l’impression de partir vers une destination inconnue…Arrivant à Antananarivo je m’exécute. Puis à Montbron j’ouvre une fenêtre dans le dos de cet homme pour préciser son point de chute. Une petite voiture ajoute une dimension intemporelle à la négation spatiale.

                                 …Et sautons des étapes…

Pour arriver à la tendance que je considère comme actuelle. Plusieurs mots, expressions peuvent la qualifier –à mes yeux-- :

Dérision, on vient de nulle part, on ne va nulle part, entretemps on vit.

C’est en fait la négation du temps et de l’espace. Internet est passé par là : avec un peu moins de mystère et de poésie –je l’espère-.

Les victoires ne sont que temporaires, voire amères.

                                                                 …Et la poésie !...

Elle n’est pas absente. Les nuages sont dans les têtes des « Jogclouders » et dans « Les nuages en profitent ». L’homme avec sa fenêtre dans le dos ouverte sur le paysage de destination (Montbron en Charente) de notre voyageur allie l’imaginaire, une interprétation du réel (vue de Paris) et la négation du temps et de l’espace.

…La dérision…

S’impose dans « C’est toujours ça qu’ils n’auront pas  ou c’est pour moi». Hé oui ! Notre homme préfère avaler le billet de 20 euros qu’il voit passer plutôt que de le laisser à quelqu’un d’autre. Très actuel.

 

                                       …Enfin le silence :

Enfin le silence salvateur, face à toutes ces agressions sonores, visuelles et culturelles. Ces yeux rouges présents dans plusieurs toiles sont des regards injectés de sang tournés vers l’intérieur. Des regards qui ne veulent pas voir mais qui cherchent à exprimer le désespoir de l’honnête homme. Des regards brûlés par l’argent, l’accélération de la vitesse, l’assombrissement du futur./.

 

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